Blair Collection > Nouveau dictionnaire pratique breton-français du dialecte de Léon

NOTICE SUR LA PROSODIE BRETONNE. G7 1
3° L'altération des mots. — Quand la mesure des vers l'exige,
il est permis de supprimer une voyelle, soit à la fin d'un mot,
soit au milieu, soit au commencement. Dans ce cas, il est bon
de l'indiquer par une apostrophe, ainsi que nous l'avons déjà
dit. Ainsi, on peut écrire : d'obcr pour da ober; set' unan pour
setu unan ; p' oa pour pa oa ; krena' rann pour krena a rann ;
givennoc'h ''vit al leaz pour gwennoc'h evlt al leaz; kemer't pour
kemeret^ etc. Mais, nous le répétons, il faut être sobre de ces
licences, sous peine de passer pour un pauvre rimeur.
Enfin, nous dirons que le trachée ne rime pas légitimement
avec l'iambe, Yé fermé avec Ve grave, Vô long avec l'o bref,
une consonne ferme avec une consonne lâche. Ainsi, harzaî,
aboyer, ne peut rimer avec ar zdl, la salle; doui' redaYGcgowéd^
brasse ; ger, ville, avec gér, parole ; pér^ des poires, avec per,
Pierre, nom propre ; pôt, iôt, avec geot : givell, meilleur, avec
giuél^ voile, etc.
Pour faciliter l'observation des règles ci-dessus, nous avons
noté, dans le Dictionnaire de rimes, et dans la forme indiquée au
paragraphe qui précède, par un accent circonflexe, les a, i, o, u
des consonnances finales dont le son est particulièrement long,
et par un accent aigu les e des consonnances finales brèves qui
se terminent par des consonnes. Ces accents ne doivent pas être
reproduits dans les textes.
Il va sans dire que la lettre e, à la fin des mots, n'a pas été
accentuée, puisqu'elle est toujours fermée.
Pour terminer utilement cette notice, je citerai quelques
strophes prises dans les poésies de divers auteurs ; je les crois
susceptibles d'être données pour modèles :
— Kenavo d'hoc'h, kleier va bro,
Kleier va farrez, konavo. (La Villemarqué.)
— Pevar mignoun kloarek am euz bet,
Hag ho fevar int bot beleget. iVillem )