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iS6 Ltb Chevaliers
à mériter d'égales louanges. Le roi de Callille
voulant nous attacher à lui , de peur que l'un
des deux mécontent ne pafsât chez fes ennemis ,
£c ne balançât fes conquêtes , nous accabloit de
carelTes. Mais ayant ignoré jufqu'à ce jour qui
nous étions , il nous prelfa de fi bonne grâce de
le lui apprendre , que nous ne pûmes le lui re-
fufer.
Je lui dis mon nom ôc ma naillance , & rin-
connu fe fit connoître pour le prince d'Arra^
gon , nommé Armande , chevalier de rimmor^»
tel Amour. Ce titre me fit comprendre qu'il
étoit amoureux. Je m'en informai , & j'appris
qu'il l'étoit de la princefle de Caftille , qu'il avoit
demeuré caché dans cette cour plufieurs mois , Se
qu'il avoit vu quelquefois Almandine ( c'eft ainfi
que cette princefie fe nomme ; ) mais que le roi
ayant des raifons très-fortes pour ne lui faire
cpoufer qu'un prince de (es fujets , ne permettoit
pas aux chevaliers étrangers de s'attacher à la fer-
vir , & qu'il la faifoit élever dans un palais fé-
parc du fien , dont elle fortoit rarement pour fe
montrer en public. Un fentiment fecret , donc
je ne connoiflbis pas la caufe , me fit être fâché
que le prince d'Arragon aimât la princelfe de
Caftille , ôc me donna plus de foin d'acquérir l'a-
miûé du roi.
Je fus aifcz heureux pour lui rendre des fervi-

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