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E R R A N s. 2^5
qu*elle en fouhaitoit. Mon infidelle lui baifa la
main , & lui jura que rien ne pouvoic détruire
fon amour. Vous jugez bien , ma chère princeffe,
de l'état où j'étois. Je priai mille fois Zénore de
me laiiïer defcendre du char, pour aller troubler ,
par ma préfence, de fi tendres momens j mais,
inexorable à mes prières , il m'arracha de ce fu-
nede lieu , me difant qu'il ne pouvoir y demeurer
davantage fans expofer ma vie ; Se faifant voler
fes dragons , il me ramena dans mon appartement.
Tout ce que j'avois fenti la première fois que j'a-
vois connu l'inconftance d'Alinzor n'approcha
point de ce que je foufFris à cette féconde preuve
de mon malheur. Mais , craignant que Zénore ne
voulut plus me rendre de fi cruels fervices , je
cachai mon défefpoir , & je lui témoignai plus de
complalfance. Charmé d'efpérer de me guérir
d'un amour fi contraire à fon bonheur , il ne cef-
foit point de me donner des divertifTemens nou-
veaux. Mais ne pouvant plus fupporter le chagrin
d'être dans un lieu où je n'étois pas la maîtreffe
de refufer les fêtes que l'on y faifoit pour me
plaire, je retournai aux Canaries, où, m'abandon-
nant à tout ce que la jaloufîe a de plus terrible ,
je paflois les nuits au même endroit où j'avois
rencontré l'inconftant prince des Numides.
Un jour , que plus accablée qu'à l'ordinaire ;
je voulus aller offrir un facrifice au foleil , pour

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