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E R R A N s. 15^
& j'y paflai les joins îk les nuits à me plaindre
d'Alinzor. Le fervice que le prince de Baléare
m'avoit rendu , ne le rendoit pas plus heureux •
au contraire , la haine que mon foible cœur ne
pouvoir avoir pour le prince des Numides , re-
tomboic fur lui avec violence. C'eft vous , lui
difûis-je un jour , qui ites caufe de l'état où je
fuis réduite. Si vous m'aviez toujours lailTé igno-
rer mon malheur , je ferois moins infortunée*
Zénore ne répondoit que par des foupirs à ces
injuftcs reproches , ôc tâchoit par des complai-
fances de me faire revenir de mon aveuglement.
Un jour , après avoir palfé toute la journée à me
plaindre , je defcendis fur le foir dans les jar-
dins , fuivie feulement de Phénice , qui étoit la
feule perfonne que je pouvois fouffrir. Je vis au
détour d'une allée un homme , qui étoit couché
fur un lit de gazon , & qui regardoit avec atten-
tion un portrait qu'il tenoit à la main. Le peu de
curiofité que j'avois pour tout ce qui ne regardoit
pas ma tendrefle , fit que je ne m'arrêtai pas da-
vantage , & que je pris une autre route. Mais
le bruit que nous fîmes en marchant , tira l'in-
connu de fa rêverie , & me reconnoiflant : Oii
fuyez-vous , ma princeffe , s'écria-t-il , en cou-
rant après moi? Cette voix fi chère, que je ne
pus méconnoître , me fit tourner la tête , & Alin-
zor ( car c'étoit lui ) vint fe jeter à mes genoux,
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