J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 6

258 Les Chevaliers
lement de l'avoir adorée j ëc non concenc de cet
oubli criminel , lui préférer une princelFe bien
moins charmante qu'elle Ah ! Zénore ,
m'écriai~je, fans lui donner le tems d'achever ce
qu'il vouloir duc j h vous pouvez nie faire voir
que le prince des Numides eft un inconftant , je
vous promets de le haïr autant que je l'aime. U
ne tiendra qu'à vous , madame , répondit Zenoie ,
que vos beaux yeux le voient , dès aujouid'liui ,
aux pies d'une beauté de fa cour. Vous croyez
bien , ma belle princelTe , que je n'avois garde de
refufer une oftre fi conforme à ma jaloufe fureur.
Dès que la nuit fut venue , le prince de Baléare
me lit monter , avec Phénice & lui , dans un char
traîné par des dragons aîlés , qui fendant les airs
avec une vîtelfe étonnante ,. s'abailfcrent fur les
jardins du palais d'Alinzor. Ils étoient éclairés de
mille lampes , un concert admirable y charmoit
les fens , ôc le prince , fans être occupé de cette
mufique , étoit aux pies d'une jeune Numide ^ qui
n'avoit rien, à mes yeux, de touchant. Pénétrée
d'une douleur mortelle , je voulus m'écrierj mais
l'enchanteur Zénore ne m'en donna pas le tems.
11 fit reprendre le vol à fes dragons , Ôc je n'eus
que celui de laifler tomber mon portrait le plus
près que je pus de l'iniidelle prince de Numidie.
Dès que nous fûmes de retout de ce fatal voyage,
je m'enfermai dans mon cabinet avec Phénice ,