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D'abord, on vit venir un ^rand nombre de petites fdles
vêtues de gaze blanche et qui jetaient des fleurs. Dès que ces
fleurs touchaient la terre, elles prenaient racine et poussaient.
Ces petites filles étaient suivies d'un nombre égal de garçons
tenant en leurs mains des coquilles en guise de harpes dont ils
tiraient des sons mélodieux comme la musique des anges.
Puis défilèrent, et cela n'en finissait pas, des rangées de petits
hommes vêtus de vert et d'or, et qui de temps en temps à un
signal donné déroulaient une multitude de bannières. Enfin,
assis sur des trônes, |)ortés sur un pavois, arrivèrent un
jeune prince et une princesse éclatants de beauté et de joyaux,
comme des soleils au milieu d'une troupe céleste d'étoiles. Le
pavois fut déposé sur un monticule qui se changea aussitôt en
un tertre de lis et de roses ; les dames et les seigneurs défilèrent
tour à tour en s'inclinant devant le prince et la princesse
et allèrent ensuite prendre place aux tables. Quand tous furent
assis, à un signe du prince, des valets en livrées splendides ap-
portèrent les friandises sur des plats d'or et la fête commença.
Le vieillard se dit alors que le moment était venu; il s'avança
donc lentement et avec précaution du côté du prince et de
la princesse. Mais il ne s'aperçut pas que des milliers de
spriggans avaient jeté autour de lui de petites cordes dont
ils tenaient un bout. La présence de ce mortel ne semblait
pas émouvoir l'assemblée ; ils mangeaient et buvaient comme
si aucun œil humain ne les regardait. Quand le vieillard
atteignit l'endroit désiré, à sa grande surprise il remarqua
que tout était sombre et triste derrière lui, mais en avant le
tertre resplendissait de lumière. Rampant sur le ventre,
comme un serpent, tremblant d'inquiétude, il s'approcha
tout près du couple royal. En regardant sur le tertre, il
fut un peu ému de remarquer que des milliers d'yeux
étaient fixés sur lui. Cependant, s'armant de courage, et
semblable à un enfant qui veut attraper un papillon, il prit
son chapeau et le plaça avec précaution sur le monticule do
manière à couvrir le prince, la princesse, et la table splen-
dide, mais tout à coup un sifflement aigu retentit, la main
du vieillard resta suspendue immobile dans l'air et l'obscu-
rité s'étendit autour de lui.

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