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tout, il se tint en éveil, attendant l'occasion de s'emparer de
quelque trésor. Tout à coup, il entendit un grand fracas et
la colline s'entrouvrit devant lui. Des lumières de diverses
couleurs brillaient de toutes parts. Chaque brin d'herbe
portait une lampe; chaque buisson une étoile. De la colline
entr'ouverte s'avança d'abord en éclaireurs un groupe de
spriggans. Ce groui)e était suivi d'un nombre immense de
musiciens qui jouaient de toutes sortes d'instruments. Der-
rière eux venaient l'une après l'autre des troupes de soldats,
chacune portant sa bannière et son blason. Ils se rangèrent
en ordre sur le terrain, les uns ici, les autres là, et ce qui
contraria fort notre vieillard, quelques centaines des spriggans
les plus grotesques se placèrent de manière à l'entourer.
Cependant comme ils ne s'élevaient pas plus haut que les
cordons de ses souliers, il se dit qu'il lui serait aisé de se
débarrasser d'eux rien qu'avec le pied, s'ils tentaient de lui
faire du mal. Lorsque les rangs furent formés, il se présenta
une foule de serviteurs qui portaient de la vaisselle d'or et
d'argent, des gobelets taillés dans le diamant, le rubis et
autres pierres précieuses. D'autres étaient chargés jusqu'à
succomber des mets les plus succulents, de pâtisseries, de
conserves, de fruits. Ensuite les tables furent dressées et
tout y fut disposé avec ordre et symétrie.
La splendeur du spectacle éblouit le vieillard, mais au mo-
ment où il s'y attendait le moins, l'illumination devint mille
fois plus intense. De la colline s'avancèrent des milliers de
beaux seigneurs et de dames charmantes, vêtues magnili-
quement. De temps en temps la musique changeait ses airs
et les sons harmonieux qui remplissaient ses oreilles sem-
blaient donner une vie nouvelle à tous ses sens. Ses yeux
voyaient plus clair, ses oreilles percevaient plus vivement
et le sens de l'odorat devenait plus exquis ; le parfum de fleurs
inconnues embaumait l'air et les voix de mille dames s'unis-
saient dans un chant d'hyménée et résonnaient comme des
clochettes d'argent. Ces paroles appartenaient à une langue
ignorée du vieillard et elles semblaient célébrer les louanges
d'im nouveau groupe qui sortait de la colline.

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