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(554)
'534 Les Ames
fiver celle de la prineeffe : elles fe joignirent^
ou plutôt elles fe confondirent : elles goûté»
rent cette joie , cette fatisfa&ion profonde ,
que les amans qui ne font pas allez heureux
pour favoir fe débarraffer de leur corps, font
bien éloignés de connoître. On conçoit aifé-
ment que la nuit fe paffa très-précipitamment
pour elles.
Il fallut s'en retourner. La prineeffe vouloit
avant l'heure de fon lever, rejoindre fon corps
qu'elle avoit laiffé dans fon lit. Ces amans fe
promirent un même rendez-vous pour la nuit
d'enfuite : ils firent enfemble la route vers Mal-
leani, & ne fe féparèrent qu'au moment de ren*
îrer dans leur habitation.
On croiroit qu'une union , où l'ame feula
pgit , eft exempte des révolutions qui perfé-^
çutent le commun des amans ; mais l'amour ne
ya jamais fans quelque trouble. Quelle ftu>
prife pour l'ame de la prineeffe , lorfque ren-;
trant dans fon appartement , elle apperçut fon
corps déjà éveillé, &ç environne de fes femmes
occupées à le parer J Le prince de Balaffor, par
le feçours d'une métamorphofe, avoit entendu
les amans lorfqu'ils fe donnoient rendez-vous
à Fétoile du matin ; & dès l'inftant où l'ame de
la prineeffe étoit partie , il avoit été s'emparer
de la repréfertfation.

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