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RIVALES. 555
L'ame d'Amaflita fe vit donc réduite à cher-
cher une autre habitation que la Tienne ; car
une ame ne pouvoit reprendre fa propre per-
fonne, ni s'emparer de celle d'une autre, à
moins que cette perfonne ne fût libre. La prin-
ceffe ne favoit comment difpofer de fon ame
fans être conduite par celle de fon amant: elle
refta incertaine, errante, formant mille projets,
& ne s'arrêtant à aucun.
Il paroît furprenant qu'une ame qui agiffbit
librement, ne trouvât pas d'abord des reflbur-
ces pour fe retirer de peine : mais c'eft le def-
tin des âmes entièrement livrées à l'amour ;
elles négligent fi fort toutes les autres opéra-
tions dont elles font capables, qu'elles ne fa-
vent plus qu'aimer.
Mazulhim vint à l'heure ordinaire chez la
princefle ; il avoit cette joie dé'icieufe que
les amans les plus diferets ont tant de peine à ca-
cher quand il commencent à être heureux. Quel
étonnement pour lui de ne point trouver dans
Amaffita ce caractère de douceur & de dignité
qui lui étoit fi naturelle ! La princefîe le regar-
doit avec un air de mépris , & lui parloit d'un
ton d'aigreur, tandis que pour fes autres amans
elle affedoit une coquetterie groffière. C'eft.
ainfi que l'ame du prince de BalafTor faifoit
malignement -agir la faufie priocefle, de façoa
à défefpérer Mazulhim, L 1 iv

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