J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 25

34ï Contes
Zahidé* fe rendit à fes inftances ; tout ce qu'elle
yoyoit ne la devoit pas allarmer : elle fuivit
donc cette pompeufe cour , & bien-tôt elle
arriva dans le palais du roi , qui la reçut fur
ion trône , la princeffe Zoulouch étant à fes
côtés : Viens , lui dit-il , étranger , dont la fidé-
lité ôc la modération méritent d'être récompen-
ses; apprends- nous du moins ton nom, ton
pays & ta profeflion ; ton beau -frère ne doit
point ignorer ton hiûoire : fais-nous fur-tout le
détail de tes royaumes & de tes vaftes états.
Zahidé qui n'étoit pas accoutumée au ton iro-
nique que l'on employoit avec elle, fe jetta aux
pieds du roi , & lui dit : Que votre majefté
pardonne aux fentimens qui m'ont conduite ici ;
je fuis trop fincère pour en impofer plus long-
tems. Zoulouch qui craignoit qu'elle ne décou-
vrît un fecret fur lequel elle établiffoit fon
repos, voulut l'interrompre; mais Zahidé, pour
apprendre du moins à la princeffe l'état cruel
où l'amour avoit réduit ion frère , continua de
parler en ces termes: Seigneur , Kemfarai
A ce nom la princeffe Zoulouch rougit , &
Zahidé continua, fans paroître s'en apperce-
voir. Mon frère , dit-elle , eft un roi jeune &C
malheureux , qui meurt d'amour pour la prin-
ceffe Zoulouch ; il n'a pu réiiiter aux pièges que
ion préfente dans vos états aux étrangers , & la