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74 Les mille it une Nuits,
la confolatlon , ils fe feroient un plaifir de fe
railler de votre fîmplicité & de la mienne.
Le parti le meilleur que nous ayons à pren-
dre , c'eft de dilfimuler cette perte , de la
fupporter patiemment ; de manière qu'il n'en
paroiiïe pas la moindre chofe , 8d de nous fou-
mettre à la volonté de dieu. Béniflbns-le au
contraire , de ce que de deux cens pièces
d'or qu'il nous avoit données , il n'en a retiré
que cent quatre-vingt-dix , & qu'il nous en
a laifîe dix par fa libéralité , dont l'emploi
que je viens de faire ne laifTe pas de nous
apporter quelque foulagement.
Quelque bonnes que fuffent mes raifons ,
ma femme eut bien de la peine à les goûter
d'abord. Mais le tems qui adoucit les maux
les plus grands , & qui paroiflent le moins
fupportables , fit qu'à la fin elle s'y rendit.
Nous vivons pauvrement , lui difois-je , il
cft vrai ; mais qu'ont les riches que nous
n'ayons pas ? Ne refpirons-nous pas le même
air ? Ne jouifTons-nous pas de la même lu-
mière & de la même chaleur du foleil ? Quel-
ques commodités qu'ils ont plus que nous ,
pourroient nous faire envier leur bonheur s'ils
ne mouroient pas comme nous mourons. A
le bien prendre , munis de la crainte de
dieu , que nous devons avoir fur toute cho-

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