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Contes Arabes. -j^
d'or , dont Saadi , accompagné de fon ami ,
venoit de me faire préfent pour la féconde
fois.
Il s'en fallut peu que ma femme ne fe dé-
■fefpérât quand elle eut appris la grande faute
qu'elle avoit commife par ignorance. Elle fe
lamenta , fe frappa la poitrine , s'arracha les
cheveux , & déchirant l'habit dont elle étoit
revêtue : Malheureufe que je fuis ! s'écria-t-
elie , fuis-je digne de vivre après une méprife fi
cruelle ? Oii chercherai-je ce vendeur de terre ?
Je ne le connois pas ; il n'a paflé par notre
rue que cette feule fois , & peut-être ne le
reverrai-je jamais. Ah , mon mari , ajouta-t-
elle, vous avez un grand tort : pourquoi ave2-
vous été fi réfervé à mon égard dans une af-
faire de cette importance ? Cela ne fut pas
arrivé fi vous m'eufiiez fait part de votre fe-
cret. Je ne finirois pas fi je rapportois à votre
majefié tout ce que la douleur lui mit alors
dans la bouche. Elle n'ignore pas combien les-
femmes font éloquentes dans leurs affiidions.
Ma femme, lui dis-je, modérez-vous ; vous
ne comprenez pas que vous nous allez attirer
tout le voifinage par vos cris & par vos
pleurs : il n'eft pas befoin qu'ils foient infor-
més de nos difgraces. Bien loin de prendre
part à notre malheur , ou de nous donner de

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