J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 11

3*8 Les mil'èe et u-ne Ntrirs^
fiable de cette fomme, ils ne devlendroient
pas feulement riches , mais même très-opulens
avec le tems.
Saad ne convint pas de la propofition de
Saadi. Le moyen que vous propofez, reprit-il,
pour faire qu'un pauvre devienne riche, ne me
paroît pas aufli certain que vous le croyez. Ce
que vous en penfez eft fort équivoque, & je
pourrois appuyer mon fentiment contre le
vôtre de plufieurs bonnes raifons , qui nous
meneroient trop loin. Je crois au moins , avec
autant de probabilité, qu'un pauvre peut de-
venir riche par tout autre moyen qu'avec une
fomme d'argent ; on fait fouvent par un hafard
une fortune plus grande & plus furprenante
qu'avec une fomme d'argent , telle que vous le
prétendez, quelque ménagement & quelqu'éco-
nomie que l'on apporte pour la faire multiplier
par un négoce bien conduit.
Saad , repartit Saadi , je vois bien que je
ne gagnerois rien avec vous , en perfiftant à
foutenir mon opinion contre la vôtre ; je veux
en faire l'expérience pour vous en convaincre,
en donnant par exemple , en pur don , uiie,
fomme telle que je me l'imagine à un de ces
artifans , pauvres de père en fils, qui vivent
aujourd'hui au jour la journée , & qui meurent.
auffi gueux que quand ils font nés. Si je nt