J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 11

CoNTis Arabes. 5"/
autant qu'elles font nécelTaires à la vie ; mais
il foutient que la vertu doit faire le bonheur
des hommes , fans d'autre attache aux biens
du monde , que par rapport aux befoins qu'ils
peuvent en avoir. Se pour en faire des libéra-
lités félon leur pouvoir. Saad eft de ce nom-
bre , & il vit très-heureux & très-content dans
l'état oii il fe trouve ; quoique Saàdi , pour
ainfi dire , foit infiniment plus riche que lui ,
leur amitié néanmoins eft très-fincère, & le
plus riche ne s'eflime pas plus que l'autre ; ils
n'ont jamais eu de conteftation , que fur ce feul
point , en toute chofe leur union a toujours
été très-uniforme.
Un jour dans leur entretien , à peu-près fur
la même matière , comme je l'ai appris d'eux-
mêmes , Saadi prétendoit que les pauvres n'é-
toient pauvres , que parce qu'ils étoient nés
dans la pauvreté , ou que nés avec des richef-
fes , ils les avoient perdues ou par débauche ,
ou par quelqu'une des fatalités imprévues , qui
ne font pas extraordinaires. Mon opinion, di-
folt-ii, eft que ces pauvres ne le font, que
parce qu'ils ne peuvent parvenir à amaffer une
fomme d'argent allez grofle pour fe tirer de la
misère, en employant leur induftrie à la faire
valoir; & mon fcnt-ment eft, que s'ils venoient
à ce point , & qu'Us fiifent un ufage conve-