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(25)
DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. xi
Lorsqu'on emprunte un mot étranger, on cherclie a
l'imiter aussi bien que l'on peut, sans se donner trop de
peine. On l'altère cependant, parce qu'on n'a ni l'oreille,
ni la prononciation, ni la mémoire assez exercées pour
le conserver dans son intégrité. L'altération porte princi-
palement sur la dernière syllabe , quand il y en a plu-
sieurs. On y retranche ou l'on y ajoute quelque chose , au
hasard, en suivant le goût et le génie de la langue mater-
nelle; mais on ne fait pas l'analyse da mot dans ses éléments.
On ne saurait la faire sans connaître la langue, et la con-
naître à fond -, c'est une analyse dilBciie, même pour les
savants : ils s'y trompent quelquefois , pour ne pas dire
souvent. Or une nation agit, en altérant le mot, comme
au hasard , puisqu'elle n'agit pas scientifiquement ; si elle
coupe le mot, elle ne tombera que par un cas fortuit sur le
point ijui sépare la racine de sa terminaison, et, à plus forte
raison, sur la double articulation, quand il y a une particule
préfixe.
Ce sera donc le très-petit nombre de mots empruntés,
que le hasard aura secondés à ce point, qu'ils soient ré-
duits à leur racine pour recevoir une terminaison indi-
gène.
Ainsi donc, lorsqu'il se présentera, dans les deux lan-
gues, un mot avec une racine commune, et une termi-
naison caractéristique de chaque peuple , la probabilité
est très-faible que ce mot ait été emprunté, si les deux
langues sont réellement sœurs ; et la probabilité sera d'au-
tant moindre, que les rapports entre les deux langues se-
ront plus intimes.
Mais voici ce qui la rend plus faible encore : si la com-

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