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BALCARRES PAPERS
parcy devant, la Royne prant avec elle ses deux lilies et ne
leur faict aucun estat, ayant delibere de les faire ordinaire-
ment coucher en sa garde robbe ou en une chambre la plus
pres d’elle qu’elle pourra; et n’auront avec elles que
Madame de Humieres et leurs lilies de chambre ; et diet
ladicte Dame que jamais, tant qu’elle vive, jusques a ce
que ses lilies soyent marries, personne qu’elle n’aura com-
mandement sur elles, ne leur voulant a ceste cause dresser
estat desormais ne faire qu’ung de leurs damoyselles et les
siennes ; quy est le vray moyen de les tenir en crainte et
obeyssance, disant que les estats qu’on a cy devant faictz
aux lilies de France estoit par ce qu’elles n’avoyent point
de mere, enquoy elle me semable dire verite. Et a ceste
occasion je seroys d’oppinion, Madame, que vous en deus-
siez ainsi user et ne permettre que vous ou ceulx a qui en
vouldrez donner la charge puisse commander a vostre lille ;
a quoy je vous supplie tenir main forte et par ce moyen
vous aures tousiours plus de puissance sur elle, mais con-
gnoissant ses vertus je vous puys asseurer que ne recepvrez
jamais d’elle que toute obeyssance. Elle vient en ce lieu
avec mesdicts Seigneurs et Dames et y amene son train et
tout ce qu’elle a accoustume d’avoir, et ne reste maintenant
que de regarder en quel equipaige vous la vouldrez tenir; et
pour vous y donner quelque lumiere et commancement je
vous ay faict dresser ung estat de toutes les personnes qui
sont avec elle et de ce qui me semble luy encores estre
necessaire et de ce qu’elle pourra despendre par chacune
annee. Lequel estat je vous envoye, ou sur chacun article
je vous ay cotte de ma main, ce qu’il me semble y debvoir
estre faict; sur quoy il vous plaira prandre resolution et
y ordonner vostre bon plaisir pour le faire ensuyvre et
observer ce que commandrez. Estant ainsy la dicte estat
il m’est advis qu’il n’y a rien de superflu ne mecanique aussy
qui est la chose que plus elle hayt en ce monde, et croyez,
Madame, qu’elle a le couraige desia si haulte et noble qu’elle
faict grande demonstration d’estre marrye se voyant ainsy
bassement traicte1 et par ce moyen desirer de se veoir hors
de ceste curatelle.
1 ainsy bassement traicte. See De Ruble, p. 83.

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