Bannatyne Club > Correspondence diplomatique de Bertrand de Salignac de la Mothe Fénélon

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pourra, de jour en jour, descouvrir plus avant de son en-
treprinse, mesmement s'il se monstre rien qui touclie le
service de Yoz Majestez.
Il semble bien que la dicte Dame m'ayt voUu faire cog-
noistre que cecy s'adressoit contre le duc d' Alve, monstrant
estre fort irritée contre luy, l'appellant arrogant, et que sa
superbe estoit assez cogneue, mesmes de son Maistre, et
que, possible, il avoit remué en cecy une besoigne, qui l'a-
baysseroit aultant qu'il pensoit estre bault élevé. Mais, au
reste, elle a parlé avec grand respect, et en fort bonne sorte,
du Roy Catholique, et a monstre qu'elle avoit toute seurté
et confiance de son amytié. Je luy ay demandé s'il ne se-
roit loysible d'envoyer mes gens et pacquetz devers Yoz
Majestez , sans saufconduict ny passeport, et si les portz et
havres de ses pays seroient ouvertz et de seur accez à vos
subjectz , pour y trafficquer, et aller, et venir librement,
comme auparavant, A quoy m'a respondu qu'elle me pryoit
de prendre passeportz pour mes gens et despesches, affin d'al-
ler plus seurement, et qu'elle m'en feroit bailler à toutes les
heures que je vouldrois : au reste, qu'elle entendoit que les
Françoys eussent toute liberté et seur accez en son royaulme ;
mais ne failloit prendre à mal si , sur le commancement de
ceste noveaulté de Flandres, elle avoit, pour quelques jours,
faict estoupper ses passaiges affin de pourveoir à ses alTères,
ayant commandé de les ovryr maintenant pour France.
Qui est ce que, pour le présent, j'ay à dire à Vostre Ma-
jesté, à laquelle baysant très humblement les mains, je prie-
ray Dieu , etc.
De Londres ce \\' de janvier 15G9.