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(104)
9^ Les Co-ntes
qu'il fait, il marche fur des ferpens , des cvx^
peaux, des afpics, & toutes fortes d'antres ani-
maux femblables, qui le piquent, le déchirent &
le couvrent de leur venin. Il eft encore aifaillis
par une nuée d'infedes volans auffi cruels. Toac
couvert de plaies , il erre çà & là comme un fu-
rieux, encore plus tourmenté intérieurement par
les remords , la rage & le défefpoir.
Tandis qu'il cherche au hafard à fortir de cette
caverne ténébreufe , repaire d'animaux immon-
des , il fe fent faifi à la jambe par quelque chofe
de plus grand que ce qu'il avoir fenti jufqu'à ce
moment. Il ne doute pas que ce ne foit la griffe
de quelque énorme ferpenr. La crainte lui fait
poulfer un cri affreux , auquel répond luie voix
lugubre, en ces termes :
» Qui es -tu, malheureux ^ qui peut refter en
n vie dans cerre caverne de défolation , d hor-
« reur & de mort » ?
Abudah , quoiqu' épouvanté , reffentit quelque
foulagement de trouver un compagnon dans fes
misères : il lui répliqua ainfi :
» Hélas ! il n'eft que trop vrai ; je fuis ua
j) malheureux qui me fuis cruellement abufé eiî
» cherchant le ralifmaii è^Oromane »,
j5 Quoi ! dit la voix inconnue , es-tu parvenu
» a ce degré de folie , de t'imaginer que Ats
?> plaifirs infâmes te mettroient en poffeûîon de

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