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s E Ç o N 3 E Veillée, -j^x
combien elle defîroit de fe revoir fur les bords
du fleuve Penée, & refpoir de fatisfaire ce
deiir , lui faifoit ardemment fouhaiter que je
ne prifTe aucun engagement en Arcadie,
Je devins un peu plus attentive , je réfolus ,
de pénétrer à fond le caradère de ces deux
concurrens, dans le deflein d'avoir des armes
çontr'eux , fi mon père fe laiflbit prévenir en
faveur de l'un ou de l'autre. Je faifois chaque
jour quelque découverte. Ces deux rivaux fe
développoient fans le vouloir ; je voyols leur
haine réciproque, leur vanité, leur humeur
altière, leur artifice, leur attention enfin à fe
déguifer, II arriva dans ce tems une aventure
bien extraordinaire ; c'ell depuis cette aven-
ture que le récit de ma jeunefle commence à
devenir curieux & intéreffant.
J'étois aux troupeaux de mon père , ils paîf-
foient dans de gras pâturages , le jour étoit
extrêmement beau, je m'étois affife fur un gazon,
où l'ombrage d un vieux tilleul me garantiffoit
des ardeurs du foleil , mon cher mouton noir
étoit couché à côté de moi. Battus arriva ;
après m'avoir dit des chofes affez galantes à
l'occafion de mon amitié pour mon mouton,
il ajouta : Votre tendrelTe pour cet animal me
fait defirer de vous le rendre encore plus cher;
je veux du moins par ce petit avantage m'af-

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