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Contes Araets. 495*
les quarante jours que tu me demandes , lui
dit le fultan ; mais ne crois pas abufer de la
grâce que je te fais , en penfant e'chapper à
mon reflentiment ; en quelqu'endroit de la
terre que tu puifles être , je faurai bien te
retrouver. ^
Aladdin s'éloigna de la préfence du fuîtan
dans une grande humiliation & dans un e'tat
à faire pitié ; il paffa au-travers des cours du
palais la tête baifTée , fans ofer lever les yeux
dans la confufion oii il étoit ; & les principaux
officiers de la cour , dont il n'avoit pas défo-
bligé un feul , quoiqu'amis , au lieu de s'ap-
procher de lui pour le confoler ou pour lui
offrir une retraite chez eux , lui tournèrent le
dos , autant pour ne le pas voir , qu'afin qu'il
ne pût pas les reconnoître. Mais quand ils fe
fuiïent approchés de lui pour lui dire quel-
que chofe de confolant , ou pour lui faire
offre de fervice , ils n'eulTent plus reconnu Alad-
din ; il ne fe reconnoiffoit pas lui-même , & il
n'avoit plus la liberté de fon efprit. Il le fît
bien connoître quand il fut hors du palais ; car
fans penfer à ce qu'il faifoit, il demandoit de
porte en porte , & à tous ceux qu'il rencon-
troit , fi l'on n'avoit pas vu fon palais , ou fi
on ne pouvoit pas lui en donner des nouvelles.
Ces demandes firent croire à tout le monde

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