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Contes Ababes. ij-jj
Sans cet enfer, on n'a pas manqué de me bien
régaler à grands coups de nerf de bœuf.
Abou HafTan racontoit au calife fes fujets
de plaintes avec beaucoup de chaleur & de
véhémence. Le calife favoit mieux que lui tout
ce qui s'étoit paiTé , & il étoit ravi en lui-
même d'avoir fi bien réufîi dans ce qu'il avoit
imaginé pour le jeter dans l'égarement où il
le voyoit encore ; mais il ne put entendre ce
récit fait avec tant de naïveté , {ans faire un
grand éclat de rire.
Abou HafTan qui croyoit fon récit digne de
compaffion, & que tout le monde devoity être
auflî fenfible que lui, fe fcandalifa fort de cet
éclat de rire du faux marchand de MoufTouI.
Vous moquez-vous de moi , lui dit-il , de me
rire aînfi au nez , ou croyez-vous que je me
moque de vous quand je vous parle très-férieu-
fement? voulez-vous des preuves réelles de ce
que j'avance ? tenez , voyez & regardez vous-
même ; vous me direz après cela fi je me moque.
En difant ces paroles , il fe baifla ; & en fe
découvrant les épaules & le fein , il fit voir
au calife les cicatrices & les meurtriffures que
lui avoient caufées les coups de nerf de bœuf
qu'il avoit reçus.
Le calife ne put regarder ces objets fans
{^erreur. Il eut çompallion du pauvre Abou

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