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Contes A r à b e f . 245
î^olt arrivé , n'en aurolt pas été moins frappé,
& feroit peut-être tombé dans de plus grandes
extravagances que vous ne m'en avez vu faire.
J'en fuis encore fi fort troublé , au moment
que je vous parle , que j'ai de la peine à me
perfuader que ce qui m'efl arrivé , en folt un ,
tant il a de relTcmblance à ce qui fe pafîe ,
entre des gens qui ne dorment pas.
Quoi qu'il en foit , je le tiens & le veux
tenir conftamment pour un fonge S: pour une
illufion. Je fuis même convaincu que je ne fuis
pas ce fantôme de calife & de commandeur des
croyans , mais Abou HafTan votre fils ; de vous ,
dis-je , que j'ai toujours honorée , jufqu'à ce
jour fatal , dont le fouvenir me couvre de con-
fufion ; que j'honore d: que j'honorerai toute
ma vie comme je le dois.
A ces paroles fi fages & fi fenfées , les lar-
mes de douleur , de compafiion & d'afflidion
que la mère d'Abou Haflan verfoit depuis fi
long-tems , fe changèrent en larmes de joie , de
confolation de d'amour tendre pour fon cher
fils qu'elle retrouvoit. iMon fils , s'écria-t-elle
toute tranfportée de plaifir, je ne me fens pas
moins i-avie de contentement & de fatisfaétion
à vous entendre parler fi raifonnablement ,
après ce qui s'eft pafle, que fi je venois de
vous mettre au monde uns féconde fois. Il fauÇ

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