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(155)
Contes Arabes. i^^
fe brifa contre un rocher. Je ne m'arrêterai point
a vous faire la defcription de notre naufrage;
je vous peindrois mal de quelle manière ma
gouvernante , le grand-vifir , & tous ceux qui
m'accompagnoient , furent engloutis dans les
abymes de la mer : la frayeur dont j'ctois fai-
fîe , ne me permit pas de remarquer toute
l'horreur de notre fort. Je perdis le fentiment ;
& foit que j'eufle été portée par quelques
débris du vaifleau fur la côte , foit que le
ciel qui me réfcrvoit à d'autres malheurs ,
eût fait un miracle pour me fauver, quand
j'eus repris mes efprits , je me trouvai fur le
rivage.
Souvent les malheurs nous rendent injuftes :
au lieu de remercier dieu de la grâce parti-
culière que J'en recevois, je ne levai les yeux
au ciel , que pour lui faire des reproches de
d'avoir fauvée. Loin de pleurer le vifir & ma
gouvernante, j'enviois leur dcftlnce; & peu-à-
peu ma raifon cédant aux affreufes images qui
la troubloient, je pris la réfolution de me jetez
dans la mer. J'étois prête à m'y lancer , lorf-
que j'entendis derrière moi un grand bruit
d'hommes & de chevaux. Je tournai aulîitot
la tête pour voir ce que c'étoit , & je vis
plufieurs cavaliers armés , parmi lefqueîs il y
(BQ avoit un monté fur un cheval arabe : celui-

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