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Contes Arabes. 127
faitement belle, mais parée de fa feule beauté;
car elle avoit les cheveux épars , des habits
déchirés , & Ton remarquoit fur fon vifage tou-
tes les marques d'une profonde afîîidion. Sitôt
qu'elle apperçut Codadad , & qu'elle jugea qu'il
pouvoit l'entendre , elle lui adrefla ces paroles :
O jeune homme , éloigne-toi de ce palais funefte,
ou bien tu te verras bientôt en la puiffance
du monftre qui l'habite. Un nègre qui fe re^
paît de fang humain, fait ici fa demeure : il
arrête toutes les perfonnes que leur mauvaife
fortune fait paffer par cette plaine, & il les
enferme dans de fombres cachots , d'où il ne
les tire que pour les dévorer.
Madame, lui répondit Codadad, apprenez-
moi qui vous êtes , & ne vous mettez point
en peine du refte. Je fuis une fille de qualité
du Caire, repartit la dame; je paflbis bien près
de ce château pour aller à Bagdad ; je rencon-
trai le nègre qui tua tous mes domeftiques ,
& m'amena ici. Je voudrois n'avoir rien à crain-
dre que la mort; mais pour comble d'infor-
tune, ce monftre veut que j'aie de la complai-
fance pour lui ; & fi dès demain je ne me rends
pas fans effort à fa brutalité, je dois m'atten-
dre à la dernière violence. Encore une fois ,
pourfuivit-elle , fauve-toi , le nègre va bientôt
revenir; il eft forti pour pourfuivre quelques

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