J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 6

1 (jo L a P u I s s a n c £ d' a m o a r.
maîrre enchanteur pourroit être , & l'ayant de»
viné, il fe rendit auprès de lui. Seigneur, lui dit-
il , je fai la malice que vous me fîtes hier au foir.
Avez-vous réfolu de ravir Lantine à ce tendre
amour que vous avez allumé dans mon co?ur;
L'amour fe prit à rire , & lui avoua ce qu'il avoit
fait. Le feigneur du Roc affreux le pria de bleffef
Lantine en fa faveur, s'il n'aimoit mieux le ren-
dre volage y lui déclarant qu'il ne pouvoit vivre
heureux tandis qu'elle lui préféreroit fon rival.
L'Amour lui répondit qu'il ne changeroit rien
à fes ordonnances , Se qu'il vouioit que la prin-
ceffe de l'Arabie heurcufe'fûr au prince de Sabce,
qu'il ne l'importunât plus , ôc qu'il fe retirât.
Le feigneur du Roc affreux trouva cette rc^xjnfe
auflî sèche qu'elle l'éroit , &c la fentit vivenrcrit ^
mais il réfolut en lui-même de difîimuler y & il
penfa que l'Amour avoir tant de chofcs à faire ,
qu'il ne pourroit pas toujours erre occupé de
Lantine 3c de Panpan ; qu'après tout , il pourroit
avoir aulli quelques bons momens j que d'enchan-
teur à enchanteur il n'y avoir que la main , &
quje fouvent le moindre pouvoit embarraiïer lô
plus grand.
L'Amour fourit , il connut fa penféc ; il le
congédia , réfolu de quitter tout , plutôt qtie de
ne fe pas donner du palfe-tems dçs pièces qu'il
lui vouloir faire.
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