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Orientaux. 177
pofé, & fit publier à fon ordinaire que tous
fes fujets pouvoïent prétendre à fa juftice. Il
eft vrai que tous ceux qui eurent recours à
lui, s'ils n'éprouvèrent pas d'injuftices, reffen*
tirent, par la dureté de fes ordonnances, la
colère qui l'animoit en ce moment contre l'hu-
manité fui général. Le jaloux fe fépare de l'ef-
pèce des hommes , & fur le tribunal qu'il
s'élève , il regarde tous les autres comme au-
tant d'ennemis : la pratique des paillons, quand
l'ivrefle en eft diffipée , ne laifle plus dans
l'ame que des impfefîions douces qui donnent
de l'indulgence pour ceux qui font plongés
dans les erreurs dont on eft guéri ; mais Naour
étoit bien éloigné de ce calme heureux qui
difpofe à la philofophie, qui peut feule rendre
l'homme maître de lui dans de telles circonf-
tances, & l'engager à méprifer ceux qui l'ont
oiFenfé.
Quand Naour eut rempli ce véritable devoir
des rois, en exerçant la juftice par lui-même,
il demeura feul avec fon vifir, qu'il regardoit
depuis long-tems comme fon ami. La prudence
lui confeilla plus d'une fois de ne rien déclarer
à fon miniflre , & de ne s'en rapporter qu'à
lui-même du choix de fa vengeance ; mais ne
pouvant plus renfermer fa colère , cherchant
peut-être quelque foulagement dans l'aveu de

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