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(84)
•jv Les Aventures
rurent tous ramafiTer quantité de bancs qui étoient
dans la cour ; & en ayant compofé une pile , ils
y mirent le feu \ puis ils fe prirent par les mains ,
& danfèrent en rond afTez long-tems , en chan-
tant les louanges du chameau qui porte l'alcoran
à la Mecque. Après cette danfe , ils avalèrent
chacun une prife de Maflak {a) , qui les rem-
plit d'une fureur divine. Ils fe dépouillèrent nus
commue l'étoit le fultan Adam après fa création ;
& s'étant armés de petits couteaux fort aigus ,
ils s'avancèrent , en fautant > jufqu'à la fenêtre
de la reine. A fa vue , le chef de cette fainte
troupe , ravi hors de lui-même , s'écria : Oful-
tane , ô fleur de beauté ^ ô lumière de nos prunelles ,
ô joie de notre foie , nous t'aimom tous ; accepte
nos cœurs , & en contemple l'image ineffaçable (b) l
Au même moment , avec une confiance ca-
pable de convertir tous les infidèles, il enfonça
la pointe de fon couteau dans fa chair , & grava
profondément la figure d'un cœur au miheu de
fa poitrine. Les autres Derviches imitèrent fon
zèle héroïque, & répandans courageufement leur
fang pour la gloire de la belle Zulikhah , ils
(a) Autre poudre dont les derviches ont le fccret , &
qui les anime beaucoup plus que rafleiai.
. . {h) Les derviches confervent par le fecours de quelque*
drogues les cicatrices des incifions qu'ils fe font.

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