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(169)
Contes Arabes. ï0
fin^ , où après avoir mis de Thuile dans la
îampe & Tavoir rallumée , elle prend une
grande chaudière , elle retourne à la cour oii
elle l'emplit de l'huile du vafe. Elle la rap-
porte , la met fur le feu , & met delfous for-
ce bois , parce que plutôt l'huile bouillira ,
plutôt elle aura exécuté ce qui doit contri-
buer au falut commun de la maifon , qui ne
demande pas de retardement. L'huile bout en-
fin , elle prend la chaudière , & elle va ver-
fer dans chaque vafe aflez c'hulle toute bouil-
iante , depuis le premier jufqu'au dernier ,
pour les étouffer & leur ôter la vie , comme
elle la leur ôta.
Cette aftion digne du courage de Morgia-
ne , exécutée fans bruit , comme elle Tavoit
projeté , elle revint dans la cuifine avec la
chaudière vuide , & ferme la porte. Elle
éteint le grand feu qu'elle avoit allumé , &
elle n'en laifle qu'autant qu'il en faut pour
achever de faire cuire le pot du bouillon d'Ali
Baba. Enfuite elle fouffle la lam.pe , & elle
demeure dans un grand filence , réfolue de ne
pas fe coucher qu'elle n'eût obfervé ce qui
arriveroit , par une fenêtre de la cuifine qui
donnoit fur la cour , autant que l'obfcurité
de la nuit pouvoit le permettre.
Il n'y avoit pas encore up quaxt-d'heure que

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