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C O N T E s A Pv A B E s. î jj
)■& VOUS fupplie de vouloir bien me la rendre.
Le jouaillier ne fit pas femblant de l'entendre ,
& fans lui répondre, continua fon chemin juf-
qu en fa maifon. Il ne ferma point la porte après
lui, afin que la confidente qui le fuivoit, y pût
entrer. Elle n'y manqua pas j & lorfqu'elle fut
dans fa chambre : Seigneur, lui dit-elle, vous
ne pouvez faire aucun ufage de la lettre que
vous avez trouvée, & vous ne feriez pas dif-
ficulté de me la rendre, fi vous faviez de quelle
part elle vient , &: à qui elle eft adrelTée ; d'ail-
leurs, vous me permettrez de vous dire, que
vous ne pouvez pas honnêtement la retenir.
Avant que de répondre à la confidente, le
jouaillier la fit afieoir , après quoi il lui dit :
N'eft-il pas vrai que la lettre dont il s'agit ,
eft de la main de Schemfelnihar , & qu'elle eft
adrefiee au prince de Perfe ? L'efclave , qui ne
s'attendoit pas à cette demande , changea de
couleur. La queftion vous embarraffe , reprit-
il ; mais fâchez que je ne vous la fais pas
par indifcrétion j j'aurois pu vous rendre la
lettre dans la rue, mais j'ai voulu vous attirer
ici , parce que je fuis bien aife d'avoir un
éclairciffement avec vous. Eft -il jufte, dites-
mol , d'imputer un événement fâcheux aux gens
qui n'y ont nullement contribué ? C'eft pour-
tant ce que vous avez fait , lorfque vous avez

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