J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 4

Fortuné. in
tu'oit à la cha'Te plus de gibier que tous les autres ,
il danfoic au bal avec plus de grâce ôc de pro-
preté qu'aucun courtifan ; enfin c'étoit un charme
qiu de le voir & de l'entendre.
La reine auroit bien voulu s'épargner la honte
dj lai déclarer fes fentimens • elle chargea Flo-
ride de lui faire appercevoir que tant de mar-
ques de bonté de la part d'une reine jeune &c
belle , ne dévoient pas lui être indifférentes. Flc-
ride fe trouva fort embarrafle de cette commif-
fion y elle n'avoir pu éviter le fort de la plu-
part de celles qui avoient vu le chevalier , il
lui paroifloit trop aimable pour fonger aux in-
térêts de fa maîtrelfe préférablemenc aux fiens ;
de forte que toutes les fois que la reine lui
fournilîoit l'occafion de l'entretenir , au liea
d« lui parler de la beauté &c des grandes qua-
lités de cette princeffe , elle ne lui parloit qus
de fa mauvaife humeur , que de ce que fes
femmes fouftroient auprès d'elle , que des injuf-
tices qu'elle avoit, ôc du mauvais ufage qu'elle
faifoit du fuprême pouvoir qu'elle avoic ufurpé
dans le royaume j enfalte faifant une compa-
raifon de fentimens : je ne fuis pas née reine ,
difoit-elle ^ mais , en vérité , je devrois l'être ,
j'ai un fonds de générofité , qui me porte à faire
du bien à tout le monde : ah ! fi j'étois dans cet
augufte rang , continuoit-elle , que le beau For-