Inglis Collection of printed music > Printed text > Essai sur la Musique ancienne et moderne > Volume 2
(199) Page 181
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SUR LA MUSIQUE.
Cil qui dient que mes chans eft remez
Par mauvaiftie & par faintis corage,
Et que perdue eft ma jolivetez
Par ma langor & pat mon mariage
N'ont pas bien fai
Si amoroz allai
Conme je ai
Qui j'oie maintendrai
Tôt mon vivant; ne ja par nul malage
Couinent qu'il giiet , ne conment qu'affoage ,
Ne recrerai
ïSl
» Ceux que diiênt que j'ai renoncé à
» chaîner par lâcheté , par manque de
» courage , & que ma nonchalance St
» mon mariage m'ont fait perdre ma gaieté ,
» ne favent pas ce qu'on fait quand ou
» eft amoureux comme je le fuis , moi qui
» maintiendrai joie toute ma vie , Se qui
» pour nulle maladie ne cefTerai , foit que
» l'amour me caufe des peines, foit qu'il
» me procure des plaifirs.
Li tens d'efté ne la bêle faifon*
Ne font or pas ma chançon envoifie ,
Maiz douz penfé , & jolie raifons ;
Et bone amors qui m'a en fa baillie ,
Qui de joie mon fin cuer refemont
Me fait penfer à la meillor del mont :
S'en doift eftre mes chanz moût pluz jolis,
Car or endroit chant-je con fins amis.
Et pujfqu'amors eft ma droite ochoifons,
Je me dois bien tenir à fa maiftrie
Qu'ele m'aprent & les chans & les fons,
Et par li e(t ma penfée jolie.
Quar quant recort les biaux ex de fon front ,
Et les regart amourouz qui ens funt,
Lors me confort qu'en penfans m'eft avis
Que d'eus me naift, en fouriant, mercis.
» Ce n'eft ni le printems ni la belle faifoi»
» qui rendent ma cltanfon gaie ; c'eft une
» douce penfée, un reiïbuvenir agréable, Se
«l'amour qui, pofTédant mon cœur, le
» fbmme avec joie de petifèr à la plus belle
» du monde. Mon chant doit donc être
» plus joyeux; car en ce moment je ne
» chante que comme un rendre amant.
» Puifqu'amour eft ma véritable reflourcey
» je dois bien m'y tenir attaché. C'eft lui
» qui m'enfeigne à chanter , c'eft lui qui
» rend mes penfées riantes. Lorfque je
» fonge aux beaux yeux 4e ma belle & à
» fet regards amoureux ; alors il me fem-
» ble que je vois merci naître en eux avec
» un foudre ».
Chrestien de Troyes, Auteur du Roman du Graal, vivait vers la fin dix
règne de Louis-le-Jeune , puifqu'il y parle de Philippe d' ' Alfacc j Comte de
Flandres } comme vivant alors j & ce Prince mourut en 1 1 9 1 . Fauchée
penfe que les anciens Romans, comme Triftan, Lancelot, &c. avaient été
d'abord compofés en profe; & que vers ce tems, ils furent remis en vers 8c
en nouveau langage. Triftan parut en 1190. Le Graal le fuivit immé-
diatement.
On le fait auteur du Roman de Percevalj mais c'eft feulement Thori de
Bourges 3 qui n'en donne aucune preuve. Il a fait certainement le Roman
du Chevalier du Lyon.
Tome II. S
Cil qui dient que mes chans eft remez
Par mauvaiftie & par faintis corage,
Et que perdue eft ma jolivetez
Par ma langor & pat mon mariage
N'ont pas bien fai
Si amoroz allai
Conme je ai
Qui j'oie maintendrai
Tôt mon vivant; ne ja par nul malage
Couinent qu'il giiet , ne conment qu'affoage ,
Ne recrerai
ïSl
» Ceux que diiênt que j'ai renoncé à
» chaîner par lâcheté , par manque de
» courage , & que ma nonchalance St
» mon mariage m'ont fait perdre ma gaieté ,
» ne favent pas ce qu'on fait quand ou
» eft amoureux comme je le fuis , moi qui
» maintiendrai joie toute ma vie , Se qui
» pour nulle maladie ne cefTerai , foit que
» l'amour me caufe des peines, foit qu'il
» me procure des plaifirs.
Li tens d'efté ne la bêle faifon*
Ne font or pas ma chançon envoifie ,
Maiz douz penfé , & jolie raifons ;
Et bone amors qui m'a en fa baillie ,
Qui de joie mon fin cuer refemont
Me fait penfer à la meillor del mont :
S'en doift eftre mes chanz moût pluz jolis,
Car or endroit chant-je con fins amis.
Et pujfqu'amors eft ma droite ochoifons,
Je me dois bien tenir à fa maiftrie
Qu'ele m'aprent & les chans & les fons,
Et par li e(t ma penfée jolie.
Quar quant recort les biaux ex de fon front ,
Et les regart amourouz qui ens funt,
Lors me confort qu'en penfans m'eft avis
Que d'eus me naift, en fouriant, mercis.
» Ce n'eft ni le printems ni la belle faifoi»
» qui rendent ma cltanfon gaie ; c'eft une
» douce penfée, un reiïbuvenir agréable, Se
«l'amour qui, pofTédant mon cœur, le
» fbmme avec joie de petifèr à la plus belle
» du monde. Mon chant doit donc être
» plus joyeux; car en ce moment je ne
» chante que comme un rendre amant.
» Puifqu'amour eft ma véritable reflourcey
» je dois bien m'y tenir attaché. C'eft lui
» qui m'enfeigne à chanter , c'eft lui qui
» rend mes penfées riantes. Lorfque je
» fonge aux beaux yeux 4e ma belle & à
» fet regards amoureux ; alors il me fem-
» ble que je vois merci naître en eux avec
» un foudre ».
Chrestien de Troyes, Auteur du Roman du Graal, vivait vers la fin dix
règne de Louis-le-Jeune , puifqu'il y parle de Philippe d' ' Alfacc j Comte de
Flandres } comme vivant alors j & ce Prince mourut en 1 1 9 1 . Fauchée
penfe que les anciens Romans, comme Triftan, Lancelot, &c. avaient été
d'abord compofés en profe; & que vers ce tems, ils furent remis en vers 8c
en nouveau langage. Triftan parut en 1190. Le Graal le fuivit immé-
diatement.
On le fait auteur du Roman de Percevalj mais c'eft feulement Thori de
Bourges 3 qui n'en donne aucune preuve. Il a fait certainement le Roman
du Chevalier du Lyon.
Tome II. S
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Permanent URL | https://digital.nls.uk/94665864 |
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Shelfmark | Ing.104 |
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Additional NLS resources: | |
Attribution and copyright: |
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![]() |
Description | By Jean B. de La Borde and Pierre J. Roussier. With engravings. |
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Shelfmark | Ing.103-106 |
Additional NLS resources: | |
![]() |
Description | Scottish and English songs, military music and keyboard music of the 18th and 19th centuries. These items are from the collection of Alexander Wood Inglis of Glencorse (1854 to 1929). Also includes a few manuscripts, some treatises and other books on the subject. |
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Description | The Glen Collection and the Inglis Collection represent mainly 18th and 19th century Scottish music, including Scottish songs. The collections of Berlioz and Verdi collected by bibliographer Cecil Hopkinson contain contemporary and later editions of the works of the two composers Berlioz and Verdi. |
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