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X PARTICULARITÉS DE LA SYNTAXE BRETONNE.
Evesaat, evessaat, evezçaat, faire attention.
Kazez, cases, chatte.
Nous avons dit que rien n'était plus remarquable que les règles
de la syntaxe bretonne ; j'ajouterai qu'elles sont aussi difficiles que
remarquables. Pour en donner une idée aux personnes qui sont
étrangères à la langue bretonne ou qui ne l'ont jamais raisonnée,
je vais présenter l'analyse de quelques phrases prises au hasard.
1° Setu aze ar c'hemener hag ar gemenerez, voilà le tailleur et la
tailleuse. — Analyse. Setu aze, voilà; ar, article défini, le, la, les;
c'hemener ^ourkemener, tailleur, la lettre k du radical se changeant
en ch après l'article pour les substantifs du genre masculin au
singulier; hag, conjonction, et; ar, article défini des deux genres
et des deux nombres, le, la, les; gemenerez, pour kemenerez, tail-
leuse, la lettre k se changeant en g pour les substantifs du genre
féminin singulier qui suivent l'article ar.
2° Setu aman ar gemenerien, voici les tailleurs. — Analyse. Setu
aman, voilà ; ar, article défini des deux genres et des deux nombres,
le, la, les; gemenerien, pour kemenerien, pluriel de kemener, tail-
leur, la lettre forte k se changeant en g après l'article pour les
substantifs masculins pluriels ayant trait aux professions.
3° Neuze e lavaraz d'he verc'h, il dit alors à sa fille. — Analyse.
Neuze, adverbe, alors ; e lavaraz, il ou elle dit, 3^ personne singulier
du prétérit défini du verbe lavaret, dire ; d'he, contracté pour da he ;
da, préposition, à, et he, pronom possessif, sou, sa, ses ; verc'h,
pour merc'h, fille, la lettre m du radical se changeant en v, après
le pronom possessif he, appliqué à un homme ou à un être du
genre masculin. — Remarquez que, dans cette phrase, la lettre v
de verc'h, à elle toute seule, indique qu'un homme est le sujet de
la phrase. Cette particularité est assurément très-rniarquable. La
phrase suivante nous en présentera une d'un autre genre.
4° Neuze e lavaraz d'he merc'h, alors elle dit à sa fille. — La
phrase précédente ne diflfère de cette dernière que par le mot
verc'h, substitué au radical merc'h. Cette seule difFéi-ence indique
qu'ici le sujet de la phrase est une femme, et non un homme,
comme ci-dessus, attendu que le pronom possessif he, son, sa, ses,
attribué à une femme ou femelle, n'exige pas le changement de
m en v.
Les analyses qui précèdent suffiront, je pense, pour prouver qu'il
est fort difficile de parler et d'écrire correctement la langue bre-
tonne, et aussi qu'il est impossible d'y parvenir s'y l'on n'a pas étudié
les règles de la grammaire. Et pourtant, chose surprenante, ce sont
des paysans illettrés qui observent le mieux les règles de cette

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