J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 26

ET LA BÊTE. Ip7
Voilà, grand roi, quelle étoit notre fituation
tandis que vous étiez pénétré du nouveau mal-
heur qui vous avoit privé de votre enfant , &
qui renouveloit les douleurs qui vous avoient
fait reffentir la perte de fa mère. Quoique vous
ne puffiez pofitivement accufer de cet accident
celle à qui vous l'aviez confiée , il vous fut
cependant impoiÏÏble de vous empêcher de la
regarder d'un mauvais œil , parce que s'il ne
paroifToit pas qu'elle fût coupable, elle ne pou-
voit fe juftifier fur le fait de la n-égligence que
l'événement avoit rendue criminelle»
Après les premiers tranfports de votre afflic-
tion , elle fe flattoit qu'il n'y auroit plus d'obf-
tacle qui vous empêchât de l'époufer ; elle vous
ea fit renouveler les proportions par fes émif-
faires ; mais elle fut défabufée , & fa mortifica-
tion fut extrême , quand vous déclarâtes que
non-feulement vous n'étiez pas plus que ci-de-
vant dans l'intention de vous remarier , mais
que 5 quand bien même vous changeriez d'idée ,
ce ne feroit jamais en fa faveur. A cette dé-
claration vous joignîtes un ordre preiTant de for-
tir inceflarament de votre royaume. Sa préfence
vous rappeloit le fouvenir de votre fille , & re-
nouveloit vos douleurs : voilà le prétexte, dont
vous vous fervîtes ; mais la principale raifoa
que VQus aviez ,, c'ell que vous vouliez faicQ
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