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tjo ^ La Belle
tout ce que je pus faire , fut de me foutenîr
fur mes mains , devenues en un inftant d'hor-
ribles pattes , dont la vue me fit appercevoir
de mon changement; c'eft le même fous lequel
vous m'avez trouvé. Dans l'inftant je jetai les
yeux fur la fatale glace, & il ne me fut plus
permis de douter de ma cruelle & fubite mé-
tamorphofe.
La douleur que j'en refTentis me rendit im-
mobile; la reine à ce tragique fpedlacle fut
hors d'elle-même. Pour mettre le dernier fceau
à fa barbarie , cette furieufe fée me dit encore
d'un air moqueur : Va faire des conquêtes illu-
ftres, de pius dignes de toi qu'une augufte fée.
Et comme on n'a point befoin d'efprit , quand
on efl: aufïi beau , je t'ordonne de paroître auflî
flupide que tu es affreux, & d'attendre dans
cet état, pour reprendre ta première forme,
qu'une fille belle & jeune vienne volontai-
rement te trouver , quoiqu'elle foit perfua-
dée que tu la doives dévorer. Il faut aufli,
continua-t-elle , qu'après qu'elle ne craindra plus
pour fa vie , elle prenne une alfez tendre affec-
tion pour te propofer de l'époufer. Jufqu'à ce
que ta rencontres cette rare perfonne , je veux
que tu fois un fujet d'horreur pour toi-même
& pour tous ceux qui te verront.... Pour
vous, trop heureufe mère d'un fi aimable en-

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