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£1" LA BÊTE. i^f
La fée fut furprife de la déclaration de la
reine. Son amour- propre lui cachoit tout ce
qu'elle avoit d'aftreux , & elle comptoit que fa
puiflance devoit fuppléer aux appas dont elle étoit
dépourvue. Qu'entendez-vous, dit-elle à la reine,
parce terme de bizarre afTortiment ; fongez qu'il y
a de l'imprudence à m'en faire fouvenir , lorfque
je daigne l'oublier. Vous ne devez penfer qu'à
vous féliciter d'avoir un (ils affc:- aimable , pour
que fon mérite me le fafle préférer aux plus puif-
fans génies de tous les élémens ; & puifque je
daigne m'abaifTcr jufqu'à lui, recevez avec refped;
l'honneur que j'ai la bonté de vous faire , fans
me donner le tems de m'en dédire.
La reine aufîî fière que la fée , n'avoit jamais
compris qu'il y eût un rang au-deffus du trône.
Elle faifoit peu de cas de l'honneur prétendu
qui lui offroit l'intelligence. Ayant toujours
commandé à ce qui l'approchoit elle n'ambi-
tionnoit point l'avantage d'avoir une belle-fiile,
à qui il fallût rendre des refpeds. Ainfi loin
de répondre, elle refta comme immobile, & fe
contenta d'avoir les yeux fixés fur moi. J'étois
auffi furpris qu'elle, & la regardant du même
air qu'elle me regardoit , il ne fut pas difficile
à la fée de connoitre que notre (ilence expri-
moit naïvement des fentimens fort oppofés à la
joie qu'elle vouloit nous infplrer.
Kij

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