Skip to main content

‹‹‹ prev (158)

(160) next ›››

(159)
ET LA BÊTE. 145
dans mon propre pays , je connoifTois aflez le
monde pour avoir obfervé parmi les perfonnes
mariées qu'il y en avoit d'heureufes par la con-
formité d'âge & d'humeur, & d'autres très à
plaindre , parce que des circonftances difTéren-
tes avoient mis entr'elles une antipathie qui
pouvoit faire leur fupplice.
La fée vieille , laide & d'un caradère hautain ,
ne me faifoit pas efpérer une deftinée auffi agréa-
ble qu'elle me la promettoit. J'étoiSjbien éloi-
gné de fentir pour elle ce qu'il faut fentir pour
une perfonne avec qui l'on veut paffer agréa-
blement fa vie. Je ne voulois pas d'ailleurs
m'engager dans un âge fi peu avancé. Je n'avois
d'autre paffion que celle de revoir la reine , &
de me fignaler à la tête de fes armées. Je foupi-
rois après ma liberté , c'étoit la feule chofe qui
me pouvoit flater , la feule qu'elle me refufoit.
Je l'avois fouvent fuppliée de me permettre
d'aller partager les périls oii je favois que la
reine fe préclpitoit pour mes intérêts. Mais
mes prières jufqu'à ce jour furent inutiles. PrelTé
de répondre à l'étonnante déclaration qu'elle me
faifoit, je fus embarrafle, je la fis refTouvenir
qu'elle m'avoit fouvent dit qu'il ne m'étoit pas
permis de difpofer de moi fans les ordres de ma
mère , & pendant fon abfence. C'efl comme j«
l'entends , reprit-elle , je ne voudrois pas vous

Images and transcriptions on this page, including medium image downloads, may be used under the Creative Commons Attribution 4.0 International Licence unless otherwise stated. Creative Commons Attribution 4.0 International Licence