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5^2 Contes
ce fe mit pas en peine de ce qu'il avoit perdu*
Mais lorfque le foleil commença de paroitre,
& par conféquent à éclairer les objets , fon
compagnon apperçut le ferpent , & faifant un
grand cri, il dit à l'aveugle : O ! eamarade, tu
as pris un ferpent au lieu de ton fouet : jette-le
avant d'en recevoir de mortelles carefles. Cet
aveugle d'efprit aufÏÏ-bien que de corps, croyant
que fon ami ne parloit ainfi que parce qu'il avoit
envie d'avoir fon fouet, lui répondit : Etes-vous
jaloux de ma bonne fortune? J'ai perdu mon
fouet qui ne valoit plus rien , & le bon dieu
m'en a fait trouver un tout neuf. Ne penfez pas,
ajouta-t-il, que je fois fi innocent, que je ne
fâche diftinguer un ferpent d'avec un fouet. Son
ami fe mit à rire, Se lui dit : Camarade , je fuis
obligé par les loîx de l'amitié & de l'humanité,
de t'avertir du péril oii je te vois : fi tu veux
vivre , éloigne de toi ce ferpent. L'aveugle ,
plus aigri que perfuadé par ces paroles , repar-
tit brufquement : Pourquoi me preflez-vous de
jeter une chofe que vous voulez ramaffer? Son
compagnon , pour le défabufer , jura que ce
îi'étoit point là fon deffein; & je vous protefte,
ajouta-t-il, que ce que vous tenez entre les
mains eft un ferpent. Tous ces fermens furent
inutiles, l'aveugle ne changea point d'opinion.
Cependant le foleil s'élevoit, & làs rayons aya^t

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