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(198)
178 Contes
avis à Ton amant de venir la nuit fuîvante , en
J'afiurant que rien ne troubleroit leurs plaifirs ,
que les mouches ne l'empêcheroient pas de
.goûter le fucre dont elle vouloit le régaler,
& qu'elle feroit feule avec lui.
La nuit vint , & fur l'avis le cavalier ne
înanqua pas de venir au rendez-vous. Mais dans
le tems qu'il étoit à la porte , & qu'il atten-
doit que la cordonnière ouvrît , le cordonnier
arriva , & l'apperçut. Comme il avoit déjà du
foupçon de ce qui fe pafToit , il ne fut pas plu-
tôt entré chez lui ardent de colère , qu'il pen-
fa afTommer fa femme de coups ; non content
:de ce traitement , il l'attacha à un pilier , & il
£e coucha.
Cela fcandalifa fort le derviche , qui crut
d'abord que le cordonnier battoit fa femme par
caprice , ou parce qu'il avoit bu , & il fe re-
-procha de ne s'être pas préfenté pour empêcher
rce défordre. Il étoit encore occupé de cette
penfée , lorfqu'il entendit la voix de la chirur-
gierme qui avoit trouvé la porte ouverte , par
la précipitation du mari qui ne l'avoit pas fer-
iinée. Voifine , criolt-elle à la cordonnière , d'une
voix bafTe : voifine , à quoi penfez-vous ? pour-
.quoi- vous faites-vous attendre fi long-tems ?
Ceft une honte , venez vite , & ne perdez pas
i'occafion. La cordonnière l'appela d'une voix

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