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5*14 I^ES UlLfE ET UNE NuiTS,
acîievé de charmer le magicien afriquain par
fes honnêtetés & par (es manières toutes obli-
geantes , donna enfin le fignal à la femme qui
loi donnoit à boire , en difant en même-tems
qu'on lui apportât fon gobelet plein de vin ,
^u'on emplît de même celui du magicien afri-
quain, & qu'on le lui préfcntât. Quand ils eu-
rent chacun leur gobelet à la main : Je ne
fais, dit-elle au magicien afriquain, comment
on en ufe chez vous quand on s'aime bien , &
qu'on boit enfemble comme nous le faifons.
Chez nous à la Chine , l'amant & l'amante fe
préfentent réciproquement à chacun leur gobe-
let , & de la forte ils boivent à la fanté l'un
de l'autre. En même-tems elle lui préfenta le
gobelet qu'elle tenoit, en avançant l'autre main
pour recevoir le (îen. Le magicien afriquain fe
hâta de faire cet échange avec d'autant plus
de plaifir , qu'il regarda cette faveur comme
la marque la plus certaine de la conquête en-
tière du cœur de la princefTe , ce qui le mit
au comble de fon bonheur. Avant qu'il bût ;
Princeffe, dit-il le gobelet à la main , il s'en
faut beaucoup que nos afriquains foient aufli
raffinés dans l'ait d'affaifonner l'amour de tous
fes agrémens que les chinois ; & en m'inftrui-
fant d'une leçon que j'ignorois , j'apprens auflî
à quel point je dois être fenfible à la grâce que

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