J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 10

Contes Arabes. 579
paflee pour aller au bain , & qu'elle en fût
revenue.
Ce cri public fit naître à Ahddin la curio(îté
de voir la princelTe à découvert ; mais il ne
le pouvoit qu'en fe mettant dans quelque raai-
fon de connoifTance , & à travers d'une jalou-
fîe ; ce qui ne le contentoit pas , parce que la
princefle , félon la coutume , devoit avoir un
voile fur le vifage en allant au bain. Pour fe
fatisfiiire , il s'avlfa d'un moyen qui lui réuflit ;
il alla fe placer derrière la porte du bain , qui
étoit difpofée de manière qu'il ne pouvoit man-
quer de la voir venir en face.
Aîaddin n'attendit pas long-tems : la prin-
cefie parut , ^ il la vit venir au-travers d'une
^ fente aflez grande pour voir fans être vu ; elle
étoit accompagnée dune grande foule de fes
femmes & d'eunuques qui marchoient fur les
côtés B-: à fa fuite. Quand elle fut à trois ou
à quatre pas de la porte du bain , elle ôta le
voile qui lui couvroit le vifage, & qui la gênoit
beaucoup ; & de la forte elle donna lieu à
Aladdin de la voir d'autant plus à fon aife ,
qu'elle venoit droit à lui.
Jufqu'à ce moment , Aîaddin n'avoit pas vu
d'autres femmes le vifage découvert , que fa
mère qui étoit âgée , & qui n'avoit jamais eu
d'afiez beaux traits pour lui faire juger que les