J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 10

Contes Aràbïs. ^6^
Yen aurai, férvira à nous avoir de quoi déjeu-
ner & dîner , & peut-être de quoi fouper.
La mère d'Aladdin prit la lampe oii elle
l'avoit mife. La voilà , dit-elle à Ton fils , mais
elle eft bien fale ; pour peu qu'elle foit net-
toyée, je crois qu'elle en vaudra quelque chofe
davantage. Elle prit de Teau & un peu de fablo
fin pour la nettoyer ; mais à peine eut - elle
commiencé à frotter cette lampe , qu'en un
inftant , en préfence de fon fils , un génie Hi-
deux & d'une grandeur gigantefque, s'éleva &
parut devant elle , & lui dit d'une voix ton-
nante : Que veux-tu? me voici prêt à l'obéir
comme ton ejclave j & de tous ceux qui ont la,
lampe à la main , moi avec les autres efdaves
de la lampe.
' La mère d'Aladdin n'étoit pas en état de ré-
pondre : fa vue n'avoit pu foutenir la figure hi-
deufe & épouvantable du génie ; & fa frayeuc
avoit été fi grande dès les premières paroles
qu'il avoit prononcées , qu'elle étoit tombée
évanouie.
' Aladdin qui avoit déjà eu une apparition
à-peu-près femblable dans le caveau, fans per-
dre de tems ni le jugement , fe faifit promp-
tement de la lampe ; & en fuppléant au défaut
de fa mère , il répondit pour elle d'un ton
ferme. J'ai faim, dit-il au génie, apportez-moi