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Contes Arabes. 55^
la place qu'il lui avoit plû de choifir, il com-
mença à s'entretenir avec la mère d'Aladdin :
Ma bonne fceur , lui difoit-il , ne vous éton-
nez-vous point de ne m'avoir pas vu tout le
tems que vous avez été mariée avec mon frère
Muftafa d'heureufe mémoire ; il y a quarante
ans que je fuis forti de ce pays, qui eft le mien
aulfi-bien que celui de feu mon frère. Depuis
ce tems là, après avoir voyagé dans les Indes,
dans la Perfe , dans l'Arabie , dans la Syrie ,
en Egypte , & féjourné dans les plus belles
villes de ces pays-là, je paflai en Afrique, où
j'ai fait un plus long léjour. A la fin , comma
H eft naturel à l'homme , quelqu'éloigné qu'il
foit du pays de fa naiflance, de n'en perdre
jamais la mémoire , non plus que de fes parens
& de ceux avec qui il a été élevé , il m'a pris
un défir (i efficace de revoir le mien & de
venir embraffer mon cher frère , pendant que
je me fentois encore aflez de force & de cou-
rage pour entreprendre un fî long voyage , que
je n'ai pas différé à faire mes préparatifs , &
à me mettre en chemin. Je ne vous dis rien
de la longueur du tems que j'y ai mis , de tous
les obftacles que j'ai rencontrés , & de toutes
les fatigues que j'ai fouffertes pour arriver juf-
qu'ici; je vous dirai feulement que rien ne m'a
mortifié & affligé davantage dans tous mes voya-

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