J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 10

k
Contés Ar ïbes. i6j
tartare que le vlfir lui avolt fait donner. Tout
îe monde étolt aux fenêtres ou dans les rues,
pour voir pafTer une fi magnilique cavalcade ; &
comme on répandolt que cette princefTe qu©
Von condulfoit fi pompeufement à la cour ,
étoit femme de Codadad , ce ne fut qu accla-'
mations. L'air retentit de mille cris de joie ,
qui fe feroient fans doute tournés en gémifTe-
mens , fi l'on avoit lu la trifte aventure de ce
jeune prince , tant il étoit aimé de tout le
inonde.
La princefle de Deryabar trouva le roi qui
î'attendoit à la porte du palais pour la recevoir :
il la prit par la main , & la conduifit à l'ap-
partement de Pirouzé, où il fe paflfa une fcène-
fort touchante. La femme de Codadad fentit
renouveller fon afflidion à la vue du père &
de la mère de fon mari, comme le père & la
mère ne purent voir Tépoufe de leur fils, fans
en être fort agités. Elle fe jeta aux pies du,
roi; & après les avoir baignés de larmes, elle
fut faifie d'une fi vive douleur , qu'elle n'eut
pas la force de parler. Pirouzé n'étoit pas dans
un état moins déplorable ; elle paroiffoit péné-
trée de fes déplaifirs ; & le roi frappé de ces
objets touchans , s'abandonna à fa propre foi-
blelfe. Ces trois perf:)nnes confondant leurs
foupirs & leurs pleurs, gardent quelque tems-
Lij