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E R R A N s. 291
prens donc qu'Armande n'a jamais eu de parc
à ma tendrelTe. La bizarrerie du roi mon père ,
qui fous le prétexte de je ne fai quelle prédic-
tion , ne fouffre point que je vive comme les
autres princelTes de mon rang , me donna en-
vie de me faire un protecteur , qui pût me dé-
fendre d'être facrifiée à un prince fujet de la
couronne , que je dois porter un jour. Le prince
d'Arragon me parut propre à mon deflein. Maî-
tre de fes états , comme de fa perfonne , je crus
que je ne pouvois mieux clioifir. Je reçus fes
foins avec bonté , & je penfai même que je
pourrois l'aimer j mais je n'avois point vu Zal-
mandor. Dès qu'il parut , je n'eus plus que de
l'indifférence pour Armande j je me flattai quel-
ques jours d'en avoir fait la conquête ; & mon
cœur voloit déjà au-devant de fes vœux , quand
les fêtes qu'il donna à Celdine , m'apprirent que
je m'étois trompée. Ah ! Phédime , fi tu con-
noiffois tout ce que fouffre une princeffe fière ôc
glorieufe , qui croit mériter d'être aimée , ôC
qui voit porter ailleurs l'encens qu'elle s'étoit
deftiné j tu avouerois qu'il n'y a point de tour-
ment plus affreux. J'ai voulu effayer fi je ne trou-
verois point dans l'amour d'Armande dequoi me
faire oublier l'outrage que le prince de Mauri-
tanie a fait à mes charmes. J'ai même affedc
dans ces crueL.s fêtes , où j'étois le témoin dtt
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