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PERSINETTE. 57
fon époux. Il la tourmenra pour favoir la caufe
de ce changement prodigieux qui paroifToit dans
fon efpric , aulîi bien que fur fon corps -, & après
lui avoir trop réfifté, fa femme lui avoua enfin
qu'elle voudroic bien manger du perfil. Le mari
foupira , 8c fe troubla pour une envie 11 mal-aifée
à facisfaire : néanmoins , comme rien ne paroîc
difficile en amour, il alloic jour & nuit autour
des murs de ce jardin pour tâcher d'y monter;
mais ils écoient d'une hauteur qui rendoit la chofe
impoiîible.
Enfin , un foir il apperçut une des portes du
jardin ouverte. 11 s'y glilTa doucement , & il fut
il heureux , qu'il prit à la hâte une poignée de
perfil. Il relTortit comme il étoit entré , & porta
fon vol à fa femme, qui letnangea avec avidité,
& qui deux jours après fe trouva plus prelîée que
jamais de l'envie d'en reniànger encore.
11 falloir que dans ce tems-là le perfil fût d'un
goût excellent.
Le pauvre mari retourna enfuite plufieurs fois
inutilement. Mais enfin fa perfévérance fut ré-
compenfée ; il trouva encore la porte du jardin
ouverte. 11 y entra , & fut bien furpris d'appcrce-^
voir la fée elle-mcme , qui le gronda fort de la har-
diefie qu'il avoit de venir ainh dans un lieu dont
l'entrée n'étoit permife à qui que ce fût. Le jeune
homme confus fe mita genoux, lui demanda par-

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