J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 6

31 Plus Belle que Fis.'
en fa place un jeune homme , fi beau & fi bien
fait , qu'on ne fe pouvoir lalfer de le regarder.
A cette vue , Plus Belle que Fée ht encore un cri
plus grand , ôc courant fans gaxder nulle mefu-
re , elle fe jeta à fon cou , en difant mille fois :
c'eft mon frère.
C'étoit fon frère aulfi qui étoit cet heureux
amant de la princefle Défirs , 6c qui craignant
qu'on ne la fît mourir , venoit de lui donner la
pierre de Gigès , .pour la fouftraire à la cruauté de
la reine Nabote j il s'étoit ainfi , par ce moyen ,
découvert.
Le frère & la foeur fe donnoient cent témoi-
gnages de tendrelfe j l'invifible Délits y mcloir
les fions , & fa voix fe faifoit entendre quand fon
corps ne paroitfoit pas , tandis que toutes les fées
dans un étonnement fans pareil , donnoient en
mille manières différentes , d'éclatantes marques
de leur joie , de revoir, ieur vertueufe reine.
Les bonnes fées venoient fe jeter à {es pies ,
ku baifer la main ôc fes habits. Elles pleuroient ,
elles perdoient la parole : chacune s'exprimoit
félon fon caradère. Les mauvaifes fées ou les
partifanes de Nabote faifoient aulîi les empref-
(écs , ôc la politique donnoit un air de fincérité à
leur faufles démonftrations.
Nabote elle même , au défefpoir de ce retour ,
fe contraignoit avec un art dont elle feule étoit
capable.