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434 *. e Mouton.
rois que j'ai pour aïeux , m'avoit affuré la
poffeffion du plus beau royaume de l'univers ;
mes fujets m'aimoient , &c j'étois craint &c en-
vié de mes voifms , & efiimé avec quelque
juftice. On difoit que jamais roi n'avoit été
plus digne de l'être. Ma perfonne n'étoit pas
indifférente à ceux qui me voyoient ; j'aimois
fort la chafTe ; & m'étant laiffé emporter au
plaifir de ïuivre un cerf qui m'éloigna un peu
de tous ceux qui m'accompagnoient , je le
vis tout d'un coup fe précipiter dans un étang ;
j'y pouffai mon cheval avec autant d'impru-
dence que de témérité ; mais en avançant un
peu , je fentis , au lieu de la fraîcheur de l'eau,
une chaleur extraordinaire ; l'étang tarit ; &C
par une ouverture dont il fortoit des feux ter-
ribles, je tombai au fond d'un précipice où l'on
ne voyoit que des flammes.
Je me croyois perdu , lorfque j'entendis une
voix qui me dit : Il ne faut pas moins de feux ,
ingrat, pour échauffer ton cœur. Hé ! qui fe
plaint ici de ma froideur, m'écriai-je ? Une per-
fonne infortunée répliqua la voix, qui t'adore
fans efpoir. En même tcms les feux s'éteignirent;
je vis une Fée que je connoiffois dès ma plus
tendre jcuneffe , dont l'âge & la laideur m'a-
voient toujours épouvanté. Elle s'appuyoit fur
«ne jeune efclaye d'une beauté incomparable ;

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