J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 2

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peut-être plus de naiflance qu'il n'en vouloit
faire paroître , lorfque , pour mon malheur ,
fon frère a expliqué à ma tante tout ce qui les
concerne. Ce font des muficiens , ma chère
Melanie ; un coup de poignard &: cela , n'eft-ce
pas la même choie ? Moi , moi , dis-je , me
trouver de l'inclination pour un homme qui
m'eft fi inférieur , moi qui n'ai jamais reiTenti
la plus légère foibleffe pour perfonne !
Ha ! ma fœur , s'écria Melanie , le moment
dont vous vous plaignez n'a pas eu moins de
fatalité pour moi que pour vous. Don Ga-
briel m'avoit déjà plu par la beauté de fa voix,
que fuis-je devenue , lorfque j'ai remarqué , à
travers ce ridicule habit de pèlerin , une taille
avantageufe , des traits réguliers , & de fi bon
air , que les perfonnes les plus diflinguées les
ont à peine. Quelqu'aimables qu'ils foient , re-
prit Iiidore , le ciel nous préferve de les re-
garder jamais autrement que comme des mu-
ficiens ; je crois même que nous devons prefTer
leur départ. Vous voulez donc que ce pauvre
blefle meure , dit Melanie ? Non , reprit-elle ,
je veux qu'il guérifîe &C qu'il s'en aille , étant
perfuadée que le mi-U'eur parti pour nous ,
c'cft d'éloigner les perfonnes qui pcurroient
nous caufer de la peine. Hélas ! j'y confens ,
répliqua Melanie , & je vous féconderai vo-
lontiers