Skip to main content

‹‹‹ prev (397)

(399) next ›››

(398)
384 Ponce
mettre dans un couvent , il fe détermina de les
laiffer à dona Juana. Leur frère fe trouva à
Cadix lorfqu'il reçut la nouvelle de la mort de
fa mère ; il prit la porte , & vint mêler (es
larmes à celles de fes fœurs. J'ai déjà dit qu'il
étoit un très-honnête homme & fort bien fait ;
fa préfence adoucit en quelque manière l'a-
mertume de leur douleur , car il y avoit une
étroite union entr'eux. Dès qu'elles purent l'en-
tretenir en particulier, elles lui dirent que dona
Juana étoit de très-mauvaife humeur, que tout
lui déplaifoit , qu'elle ne fortoit jamais, qu'elle
ne vouloit voir perfonne , qu'elle grondoit
toujours , & qu'elles avoient de grands fujets
de reffentir la perte qu'elles avoient faite.
Il efl vrai , dit don Louis , que dona Juana a
du mérite & de la vertu , mais ce n'eft point
une vertu fociable , ni un mérite aifé ; &
comme elle n'eft ni belle ni jeune , & qu'elle
n'a jamais infpiré de tendres fentimens , elle
ne peut fouffrir que l'on prenne devant elle la
plus innocente liberté. J'appréhende qu'à la fin
elle ne devienne jaloufe du jour qui vous
éclaire , puifqu'elle m'a déjà dit qu'elle ne vous
laifTera fortir que très -rarement ; & que , lorf-
qu'elle ne pourra s'en difpenfer , ce fera fous
tant de précautions , qu'il fera impoflible de
vous voir. Je vous aflure , mon frère , dit
Indore ,

Images and transcriptions on this page, including medium image downloads, may be used under the Creative Commons Attribution 4.0 International Licence unless otherwise stated. Creative Commons Attribution 4.0 International Licence