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et l' Abeille; 333
clair de lune; elle s'étoit faifie de la fecourable
baguette d'ivoire. Ils trouvèrent le chameau
<k fe mirent en chemin , fans favoir où ils
alloient.
Cependant Tourmentine qui avoit la tête
remplie de chagrin , fe tournoit & retournoit
fans pouvoir dormir; elle allongea le bras pour
fentir fi la princeffe étoit déjà dans le petit
lit , & ne la trouvant point , elle s'écria d'une
yoix de tonnerre : Où es-fu donc , fille ? Me
voici auprès du feu , répondit la fève. Vien-
dras-tu te coucher , dit Tourmentine ? Tout-
à- l'heure , répondit la fève , dormez, donnez.
Tourmentine ayant peur de réveiller fon Ra-
vagio , ne parla plus ; mais à deux heures de-îà
elle tâta encore dans le petit lit d'Aimée , &
s'écria : Quoi , petite pendarde ! tu ne veux
donc pas te coucher ? Je me chauffe tant que
je peux , répond la fève. Je voudrois que tu
fuffes au milieu du feu pour ta peine , ajouta
l'ogreffe. J'y fuis aufïi , dit la fève , & l'on ne
s'eft jamais chauffé de plus près. Elles firent en-
core beaucoup d'autres difcours , que la fève
foutint en fève très-habile. Conclufion : vers
le jour , Tourmentine appela encore la prin*
cette ; mais la fève , qui étoit cuite, ne répliqua
rien. Ce fdence l'inquiète ; elle fe lève fort
émue , regarde , parle , s'alarme & cherche

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